Les créations

Les illustrations de ces poèmes sont extraites du « Tarot de Marrakech » de Colleuil et Valadié.

L'étoile

L'ÉTOILE

J'entends le cri lourd de ma peau
Sous les coups répétés des caresses
Je sens les bruits secs des drapeaux
Qui flottent au sommet de l'ivresse

Je suis l'étoile agenouillée
Devant les héros décadents
Qui rient de ma robe déchirée
Et hurlent de toutes leurs dents

Ma peau assoiffée de ta main
Est désormais Nature Morte
Où sont les caresses du matin ?
Les baisers que le vent emporte ?

Sourires figés par le Destin
Lorsqu'ils ont enfoncé la porte
Ton regard d'émeraude éteint
Par la mitraille d'un cloporte

D'un geste ils ont coupé ta main
Pour m'arracher, mais peu importe
Je caresse au coeur de mon sein
Ton enfant bien aimé que je porte

Je suis terrassé de chagrin
Alors que les soldats m'emportent
Dans l'humus du petit matin
En écrasant les feuilles mortes

Ils m'ont tirés par les cheveux
A grands coups de pied dans les reins
Ils ont exigé des aveux
Puis m'on enfermé dans un train

Je vois le bruit blanc de l'absence
Sous les coups répétés des ceintures
Qui giflent ma peau en cadence
Et qui doucement me murmurent

Des chants d'insolente tendresse
Des torrents fous d'amère douceur
Qui voguent sur ma peau en détresse
Pendant que doucement je meurs

L'enfant qui grandit dans mon sein
L'enfant bien aimé que je porte
Mémoire de ton corps dans le mien
Malgré l'enfer me réconforte

Ma peau s'effrite sous l'absence
J'ai la cervelle qui craquelle
Mon amour, mon infini présence
Dis-moi que tu me trouves belle...

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de Georges Colleuil


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